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Palestine et Colombie: les similitudes entre deux peuples en lutte

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(Para France Amerique Latine Magazine “Falmag”)
Les deux peuples, la Colombie et la Palestine , outre leur lutte pour la justice, ont d’autres points communs. Cette liste n’est pas exhaustive, c’est plutôt une façon de présenter le débat et une invitation à un regard plus approfondi :

Il y a une correspondance historique entre ces deux conflits : en Colombie la violence augmente en 1948, suite à l’assassinat d’un leader populaire ; cette même année est créé l’Etat d’Israël sur la base du territoire acquis par la force. En 1964-1966, les guérillas libérales colombiennes deviennent des guérillas communistes, et à la même période est créée l’OLP: Organisation de Libération de la Palestine. En 1967, l’occupation du reste du territoire palestinien coïncide avec la stratégie des élites colombiennes de combattre la guérilla sous la direction des Etats-Unis.

Au milieu de tant de conflits chroniques, les deux populations ont perdu la notion de la « normale » qui a été remplacée par l’habitude : les Palestiniens âgés de moins de 40 ans ont toujours vécu sous l’occupation et les Colombiens nés après 1964 ont toujours connu le conflit armé.

Dans les deux conflits, il y a une réduction simpliste à deux mythes : celui du terrorisme dans le cas palestinien, et celui du narcotrafic dans le cas de la Colombie. Le terrorisme permet d’éviter de parler de l’occupation, fournit des prétextes pour perpétrer le contrôle militaire, généralise la catégorie de « terroriste » à tous les Palestiniens. Et le narcotrafic permet de réduire le conflit armé colombien au trafic de drogues, nie les causes socio-économiques et politiques du conflit, nie que la guérilla a commencé ses actions bien avant les cartels, justifie le Plan Colombie.

Les Etats-Unis fournissent en moyenne 4,9 millions de dollars par jour d’aide militaire à Israël, et 1,7 millions à la Colombie. Dans les deux cas, la logique simpliste et sans cesse répétée de ce qu’on voudrait faire passer pour une « guerre internationale contre le terrorisme » justifie l’aide militaire.

La crise des droits humains et la négation de l’application du droit international de la part des autorités israéliennes et colombiennes sont deux autres constantes. A cela, nous devons ajouter la négation systématique qui se fait de la distinction nécessaire entre civils et combattants.

Dans les deux cas, le contrôle des terres par la force est un élément essentiel du conflit. En Colombie, les déplacés forcés ont abandonné près de 4 millions d’hectares, dont la moitié est entre les mains des paramilitaires. En Palestine, la guerre de 1947, celle de 1967 ont réduit le pays à 46%, puis à 22% de la Palestine historique et, avec le mur, il en resterait à peine 11%. Dans les deux conflits, le contrôle et l’acquisition illégale de territoire s’accompagnent de sérieuses mesures de contrôle de la population civile et de pratiques comme le confinement de villages entiers.

Les victimes ne semblent pas exister : dans le cas palestinien le drame de plus de 4 millions de réfugiés est éludé dans la majorité des propositions de paix, en Colombie les quasi 4 millions de déplacés ont été rendus invisibles par les autorités. Dans les deux cas, on nie autant leurs droits que l’on réduit au minimum l’aide humanitaire. Plus grave encore : aux besoins en matière de droits humains, on donne une réponse erronée, de type humanitaire éminemment classique, sans un réel débat sur le contexte politique. Cette stratégie est la même dans les deux cas de la part de l’Union européenne.

En Colombie, les élites gouvernantes n’ont jamais voulu réaliser un véritable processus de paix, les quelques tentatives effectuées ne se sont pas accompagnées, de la part du gouvernement, d’avancées significatives vers une résolution des causes réelles du conflit ; dans le cas palestinien, les propositions de paix visent plus à exiger des devoirs à l’occupé qu’à mettre en évidence les responsabilités de l’occupant ; dans les deux cas, la paix est un discours qui s’est achevé par la continuité du statu quo.

Il est certain qu’il y a des différences : en Colombie l’élément religieux n’est pas central au conflit, comme il peut l’être en Palestine (par exemple, le mythe israélien de la Terre Promise ). Le sionisme n’est pas présent en Colombie et le narcotrafic n’alimente pas l’occupation en Palestine.

Dans les deux cas, les dirigeants des alternatives politiques face à l’injustice sociale et face à l’occupation ont le devoir d’être suffisamment autocritiques pour centrer leur lutte sur les éléments stratégiques, pour ne pas répéter ce que fait déjà l’occupant dans le cas palestinien, ni les élites dans le cas colombien.

Avec des langages différents, des majorités religieuses différentes, des cultures et des nourritures différentes, l’universalité de leurs luttes fait des Colombiens et des Palestiniens des peuples frères, établit des ponts, peut leur permettre de se nourrir mutuellement de leurs succès et de leurs erreurs et, peut-être un jour, célébrer ensemble la réalisation de leurs rêves partagés de justice

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